Attika
J’ai eu le privilège d’interviewer Lubana Khaled, la fondatrice d’une ONG internationale qui se consacre à l’autonomisation des femmes dans le monde entier.
Attika :
Lubana, pourriez-vous commencer par nous faire part de votre parcours personnel ? Comment êtes-vous arrivée en Belgique en tant que migrante syrienne et qu’est-ce qui vous a poussée à créer une ONG pour aider les femmes dans le monde entier ?
Lubana Khaled :
Mon parcours a commencé en tant que migrante syrienne. Je suis arrivée en Belgique, ne parlant que l’arabe et l’anglais, en quête de sécurité et d’un avenir meilleur pour moi et ma famille. Je travaillais comme avocate en Syrie. J’ai été témoin de nombreuses injustices à l’encontre des femmes. Même en Syrie, j’ai ressenti le besoin de les aider dans leurs luttes, mais je n’ai pas eu la possibilité d’agir et de les aider. Je pensais, naïvement, que l’injustice à l’égard des femmes n’existait pas en Europe… Ce fut une surprise assez négative de constater que cela se produit également ici.
J’ai réalisé que pour relever les défis auxquels les femmes sont confrontées, une approche durable et globale était nécessaire. Cette prise de conscience est devenue le catalyseur de la création de mon ONG internationale.
Attika :
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre ONG et sur les initiatives spécifiques que vous menez pour soutenir les femmes ?
Lubana Khaled :
Certainement. L’ONG que j’ai fondée s’appelle « Zone femme » et notre mission est d’autonomiser les femmes et de les soutenir en cas de besoin. Nous avons opéré en ligne dans plusieurs pays, pendant le COVID, en proposant des cours d’éducation, de formation professionnelle, de sport, de cuisine… C’était un vrai succès !
Zone Femme se concentre sur plusieurs fronts. Lorsque nous avons remarqué que le soutien aux enfants de ces femmes était un besoin important, nous nous sommes également concentrés sur eux – nous offrons donc également ces cours à leurs enfants. Ainsi, les mères peuvent respirer, ou se concentrer sur autre chose…
Attika :
Cela semble avoir un impact incroyable. Comment assurez-vous la durabilité et le succès à long terme de vos initiatives ?
Lubana Khaled :
La durabilité est un aspect essentiel de notre travail. Nous croyons au pouvoir de la collaboration et de l’engagement communautaire. Lors de la mise en place de nos projets, nous nous efforçons d’impliquer les communautés locales dès le départ. En travaillant avec les dirigeants des communautés, nous nous assurons que nos initiatives correspondent aux besoins et au contexte culturel des régions où nous sommes présents.
En outre, nous donnons aux femmes les moyens de participer activement aux processus de prise de décision, tant au sein de leur communauté que dans notre organisation.
Attika :
Avez-vous rencontré des difficultés lors de la création et de la gestion de votre ONG, et comment les avez-vous surmontées ?
Lubana Khaled :
Il n’est jamais facile de créer une ONG à partir de rien, et il y a certainement eu des défis à relever en cours de route. L’obtention d’un financement a été un obstacle important au départ, mais à force de persévérance et de travail en réseau, nous avons réussi à rassembler les ressources nécessaires pour lancer nos projets. Ce qui est également très important, c’est le TRAVAIL D’ÉQUIPE – sans les personnes en qui j’ai confiance et un mari qui me soutient, je n’aurais pas été en mesure de le faire.
Un autre défi a été de surmonter les différences culturelles et d’instaurer la confiance au sein des communautés que nous servions. Nous avons reconnu qu’il était essentiel d’aborder notre travail avec sensibilité, de respecter les coutumes locales et, surtout, de parler la langue et de lire les lois.
Attika :
Lubana, votre parcours et le travail que vous réalisez à travers Zone Femme sont une véritable source d’inspiration. Merci beaucoup pour votre collaboration.